Au 131e congrès de la Société Française d’Ophtalmologie (2025), l’intelligence artificielle (IA) s’est imposée comme un sujet central. L’ophtalmologie fait partie des spécialités les plus avancées dans l’adoption de ces technologies. Reste une question essentielle : quelle place pour la relation humaine dans ce nouveau paysage médical ?
Un progrès incontestable… mais à encadrer
- Dépistage assisté par IA : rétinopathie diabétique, DMLA, glaucome – performances élevées sur des volumes d’images considérables.
- Imagerie augmentée : interprétation d’OCT et de topographies cornéennes plus rapide, plus standardisée.
- Automatisation des tâches : acquisition d’images, pré-tri, aides à la décision et suivi longitudinal.
Ces avancées améliorent le tri, la vitesse d’analyse et la standardisation. Elles ne remplacent pas le jugement clinique : elles le complètent.
Les zones d’ombre à surveiller
Délégation diagnostique et responsabilité
Que se passe-t-il si l’algorithme omet une subtilité clinique que le praticien aurait détectée ? La responsabilité médico-légale et la traçabilité des modèles (explicabilité) deviennent des enjeux majeurs.
Équité d’accès
L’IA peut réduire les inégalités (télé-dépistage, délégation encadrée), mais aussi les accentuer si l’équipement et la formation restent concentrés dans quelques centres.
La relation humaine
Recevoir un diagnostic ne se résume pas à un score. Information, contextualisation, consentement éclairé, accompagnement émotionnel : ces temps de soin restent non substituables.
Principes d’usage responsable en 2025
- IA comme outil, pas comme substitut : décision finale par le médecin, documentée.
- Transparence : informer le patient de l’usage d’outils d’IA dans son parcours.
- Explicabilité minimale : privilégier des systèmes fournissant des éléments d’interprétation (heatmaps, indicateurs).
- Qualité des données : contrôle des biais (âge, phototypes, pathologies associées) et audits réguliers.
- Formation des équipes : appropriation clinique, lecture critique des sorties algorithmiques.
- Cybersécurité et RGPD : chiffrement, anonymisation, gouvernance des accès.
Ce que l’IA change déjà dans la pratique
- Dépistage organisé : rétinopathie diabétique, DMLA, glaucome – capacité de tri rapide avec priorisation des cas urgents.
- Parcours optimisé : assignation automatique des examens complémentaires, rappels de suivi, télésurveillance des risques.
- Qualité et recherche : standardisation des mesures, bases de données multicentriques, essais cliniques plus efficaces.
Garde-fous cliniques
- Double regard : IA + clinicien pour les cas atypiques ou discordants.
- Seuils de confiance : relecture systématique si l’IA est incertaine.
- Escalade : orientation prioritaire vers un spécialiste en cas d’alerte IA ou de signes d’alarme cliniques.
L’IA ouvre des perspectives enthousiasmantes en ophtalmologie : dépistage plus large, décisions plus rapides, suivi plus fin. Mais l’essentiel demeure : l’expertise clinique et la relation médecin–patient. L’avenir ne se joue pas entre l’humain et la machine, mais dans leur alliance organisée, éthique et explicable.