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Faut-il encore prescrire des verres avec filtres anti-lumière bleue en 2025 ?

Faut-il encore prescrire des verres avec filtres anti-lumière bleue en 2025 ?

Faut-il encore prescrire des verres avec filtres anti-lumière bleue en 2025 ? 800 534 Centre laser Victor Hugo

La question divise depuis plusieurs années la communauté ophtalmologique. Avec la multiplication des écrans, les filtres anti-lumière bleue sont souvent présentés comme une solution miracle contre la fatigue visuelle et les troubles du sommeil. Mais que disent réellement les dernières données scientifiques ?

L’état de la science en 2025

Ce que nous savons

  • Les écrans émettent bien une lumière bleue (380–500 nm), avec un pic autour de 450 nm.
  • L’exposition a fortement augmenté avec l’usage massif du numérique.

Ce que montrent les dernières études (2024–2025)

  • Fatigue oculaire : aucune amélioration significative démontrée.
  • Qualité du sommeil : effets limités, variables selon les individus.
  • Protection rétinienne : aucun bénéfice prouvé sur la prévention de la DMLA.

Arguments en faveur des filtres

  • Bénéfices subjectifs : certains patients décrivent un confort visuel accru. Même si l’effet placebo est possible, il peut avoir une valeur thérapeutique.
  • Situations particulières : patients photophobes, travailleurs sur écrans > 8h/jour, migraineux sensibles à la lumière.
  • Approche prudente : en l’absence de contre-indication, certains praticiens privilégient le principe de précaution.

Arguments contre les filtres

  • Manque de preuves : la Cochrane Review (2023) et l’Académie Américaine d’Ophtalmologie ne trouvent aucune efficacité démontrée.
  • Altération colorimétrique : perturbation de la perception des couleurs, gênante pour les graphistes, photographes ou professions visuelles.
  • Vision nocturne réduite : diminution du contraste.
  • Coût : un surcoût de 50–150 € sans bénéfice objectif, pouvant creuser des inégalités d’accès aux soins.

Les vraies causes de la fatigue oculaire

Les symptômes attribués à la lumière bleue relèvent surtout du syndrome de vision informatique :

  • réduction du clignement (15 → 5 par minute),
  • effort accommodatif prolongé,
  • sécheresse oculaire,
  • posture et ergonomie inadaptées.

Solutions validées

  • Règle 20-20-20 : toutes les 20 minutes, regarder un objet à 6 mètres pendant 20 secondes.
  • Optimisation ergonomique du poste de travail.
  • Larmes artificielles si besoin.
  • Correction optique adaptée.

Faut-il encore prescrire des verres avec filtres anti-lumière bleue en 2025 ?

La position clinique en 2025

Le filtre anti-lumière bleue n’est pas à bannir, mais il ne doit pas être présenté comme une solution universelle. L’approche doit être individualisée :

Quand les proposer ?

  • Patient bien informé, en recherche de confort subjectif.
  • Après échec des mesures validées.
  • Absence de contraintes professionnelles liées à la colorimétrie.

Quand les déconseiller ?

  • Patients au budget serré (priorité aux corrections essentielles).
  • Professionnels de l’image.
  • Patients avec attentes irréalistes.

Perspectives d’avenir

Les recherches continuent sur :

  • l’impact circadien de la lumière bleue,
  • des filtres plus sélectifs,
  • des approches combinées ergonomie + technologie.

Recommandations pratiques

Pour les praticiens

  • Donner une information transparente et basée sur les preuves.
  • Prioriser les solutions validées.
  • Personnaliser selon l’exposition, les symptômes et les attentes du patient.

Pour les patients

  • Privilégier ergonomie et pauses visuelles.
  • Vérifier sa correction optique.
  • Considérer les filtres comme un “plus” éventuel, non une nécessité médicale.

En 2025, la prescription des verres avec filtres anti-lumière bleue relève davantage du confort individualisé que d’une nécessité médicale. La transparence et la pédagogie demeurent essentielles pour guider les patients vers des solutions réellement efficaces contre la fatigue visuelle.